Le fer au XIXe siècle, le nouveau bois

La démolition des Halles de Paris en 1970, architecte : Victor Baltard, copyright : Jean Claude Gautrand

Bertrand Lemoine est ingénieur, architecte et chercheur pour le CNRS de Paris. Il nous propose ici un article sur l’arrivée du fer dans l’architecture du 19e. Dans « L’Architecture métallique sous le Second Empire » paru dans le numéro 309 de la Revue du Souvenir napoléonien en janvier 1980, l’auteur nous aide à comprendre l’intérêt du fer pour l’architecture de cette époque.

Cette ressource numérique n’apparaît cependant pas directement sur le site de la Revue du Souvenir napoléonien. C’est une revue trimestrielle qui se concentre sur l’histoire sous Napoléon et que l’on peut télécharger sur le web gratuitement. L’article qui nous intéresse ici, est hébergé par le site de la fondation Napoléon spécialisé dans l’histoire du Premier et du Second empire. La période sur laquelle porte notre recherche englobe le 19e et le 20e siècle, le Premier (1804-1814) et le Second empire (1852-1870) sont donc induit dans notre recherche. « L’Architecture métallique sous le Second Empire » sous-entend donc que l’on parle de l’architecture métallique sous Napoléon III. Le fer est un nouveau matériau dans la construction architecture du début du 19e siècle et c’est en cela que l’article est intéressant car l’auteur nous propose une chronologie de la naissance de différents édifices (les marchés couverts, les gares, les églises…).

Revue du Souvenir Napoléonien

La problématique qui anime l’article est la suivante : Pourquoi l’utilisation du fer dans l’architecture française connaît-elle une croissance soudaine au 19e siècle ? La ligne de réflexion est simple. On peut facilement comprendre que la ressource numérique vise le grand public et non pas seulement une élite d’érudits. L’auteur répond dans un premier temps en nous exposant les avantages du fer pour les constructions puis en ancrant le fer dans l’histoire de l’architecture du 19e siècle. Tout d’abord, à cette époque, la pierre s’apparente au nouveau bois. Autrement dit, le fer présente des qualités que ne possède pas le bois. Le fer connaît une grande résistance au feu et au poids et une grande solidité. Voilà pourquoi on utilise le fer pour les charpentes, et non plus le bois. L’auteur souligne bien qu’il existe deux formes de fers et que toutes deux ne sont pas utilisées de la même manière. La fonte est une matière brute,  cassante bien que malléable, elle est donc préférablement utilisée pour les colonnes et les éléments décoratifs. Le fer est un dérivé de la fonte et sa grande résistance à la traction permet de l’utiliser pour les charpentes ou les structures.

Napoleon.org, Article

L’auteur alimente son propos technique en invoquant un fait historique. L’accélération de la diffusion du métal en architecture n’est pas seulement un choix puisqu’en en 1845 Paris connaît une grève des charpentiers. Le métal étant le nouveau bois, la solution la plus pertinente est de remplacer sur les chantiers le bois par le fer. Dès lors on assiste à une normalisation de l’utilisation de ce nouveau matériau. L’âge industriel est également d’une grande aide pour son essor. La France est au 19e siècle en avance dans l’utilisation du fer. Ceci s’explique notamment par des précédents architecturaux comme le Pont des Arts construit en 1803. La suite de l’article se décompose en une énumération des projets architecturaux autour du métal. On retrouve notamment citées les Halles de Baltard érigées sous l’impulsion du Baron Haussman, hygiéniste de la Ville de Paris. Le fer se généralise donc et s’ajoute à son emploi architectural une visée sociale et économique. D’après l’auteur les Halles de Baltard seraient à l’origine d’une réaction en chaîne dans le milieu de l’architecture du 19e. On pourrait dire qu’elles permettent une normalisation du matériau (peut-être même une vulgarisation) et donnent une impulsion à l’architecture moderne. S’ensuivent alors d’autres marchés couverts, les gares comme la Gare du Nord en 1869, mais aussi des églises comme celle de Saint-Augustin, encore une fois le fruit de l’architecte Baltard qui pense la structure métallique. Le fer engendre une réelle redéfinition des critères de jugement de l’espace bâti qu’il soit privé ou public. En effet l’urbanisme naît au 19e siècle avec le baron Haussman qui repense la ville selon les principes d’eau, air et lumière. Tout cela est bien entendu en rapport avec l’architecture.

Cette ressource numérique nous permet d’appréhender l’arrivée du métal dans l’architecture du 19e et du 20e siècle, d’après l’œil d’un ingénieur. Cependant, le vocabulaire utilisé n’est pas un vocabulaire professionnel, ou très recherché. Le texte est compréhensible et vise un grand public. On ne peut pas dire que ce soit un article de grande envergure car il manque un peu d’approfondissement. En effet à cette énumération d’édifice architectural il manque une analyse de la structure. Cet article apparaît donc comme une présentation rapide de l’histoire du métal en architecture mais ne permet pas une réflexion poussée sur le sujet comme le démontre sa problématique très simple. Elle est pertinente dans une optique de découverte sommaire du sujet.

Mina Rodriguez

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